L'Institut écocitoyen est une association dont les missions principales sont l'acquisition de connaissances scientifiques autour des questions sanitaires et environnementales, la transmission de ces savoirs et l’organisation d’actions de surveillance et de protection de l’environnement. Pour la première fois, citoyens, élus, industriels et scientifiques collaborent à un projet commun à l'échelle d'un territoire.
L'étude de contamination de la chair de congres, conduite en 2013, a montré la quasi absence de dioxine dans les filets, de fortes teneurs en mercure pour les poissons pêchés près de Port-de-Bouc, et la présence de sous-produits de chloration, notamment le 2,4,6 Tribromophénols au sein de la moitié des poissons pêchés. Compte tenu du contexte local, avec la présence et les projets d’installations industrielles qui utilisent le milieu marin en procédant à sa chloration, l'Institut a recherché directement la présence de ces composés dans l’eau de mer. Un premier travail bibliographique sur les sous-produits de chloration avait été effectué dans le cadre d'un stage en 2011. C'est également dans le cadre d'un stage de master 2 que les prélèvements, les analyses de sous-produits de chloration et les premières interprétations ont été réalisées.
Le chlore libre a une toxicité avérée sur la vie marine, du fait de son caractère anti-fouling. Des niveaux de 0,2 mg/l (à peine supérieur aux niveaux d'autorisation) entraînent la disparition de la vie bactérienne. Compte tenu des volumes rejetés dans le Golfe (plusieurs dizaines de miliers de m³/h à des concentrations d’environ 0,1 à 1 ppm), on peut s'attendre à un impact négatif sur le milieu marin. Les sous-produits de chloration ont également un effet sur la santé, le plus toxique étant le dibromoacétonitrile.
Le principal composé de la famille des trihalométhanes retrouvé dans l'eau de mer est le bromoforme (CHBr3), issu de la substitution des atomes de chlore du chloroforme par le brome marin. Le bromoforme se retrouve sur quasiment tous les échantillons, notamment en surface : entre 0,5 et 1 µg/l, sachant qu'on mesure rarement des niveaux supérieurs à 0,1-0,2 µg/l en moyenne en France. A proximité de l'exutoire du terminal méthanier de Fos Cavaou, les concentrations sont nettement plus élevées en profondeur (18 µg/l) et normales en surface. Au niveau du terminal méthanier de Fos Tonkin, à l'arrêt lors des prélèvements, les niveaux sont classiques. On note, au niveau du canal, des valeurs élevées (2,2µg/L), pouvant être issues des rejets de chloration les jours précédents ou de ceux provenant de centrales nucléaires sur le Rhône. Cette dernière hypothèse peut être confortée par la présence de chloroforme, qu'on ne retrouve pas dans l'eau de mer, mais qui peut être présent dans les eaux douces.
Cette étude a permis de construire les pistes de réflexion de l'étude FOS-SEA qui pendant 3 ans s'attachera à répondre à la question des impacts des rejets de chlore dans le milieu marin.
Pour les 4 stations situées à proximité des rejets, la répartition des sous-produits de chloration se fait principalement sur le bromoforme, entre 1/3 et plus des 3/4. Le 2-4-6 tribromophénol se retrouve en fond de darse 1 dans le canal, et sur de nombreux sites. Le dibromo-acetonitryle (DBAN), présentant un seuil de toxicité bas, est retrouvé dans la majorité des sites, notamment en ZI, avec des niveaux largement inférieurs au seuil de toxicité (l'ensemble des SPC représente 7,5 µg/l). Les autres sites varient entre 0,5 et 5 µg/l. La comparaison avec les congres : les cercles représentent les sites dont les poissons contenaient du tribromophénol : les fonds de darse, darse 1 et Port-de-Bouc. On a retrouvé ce composé dans l'eau (un an plus tard) en darse 1 et au niveau des exutoires. En revanche, on n’en retrouve pas du côté de Port-de-Bouc.
- 2014 : La mesure des sous-produits de chloration dans les eaux du Golfe de Fos