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L'institut

L'Institut écocitoyen est une association dont les missions principales sont l'acquisition de connaissances scientifiques autour des questions sanitaires et environnementales, la transmission de ces savoirs et l’organisation d’actions de surveillance et de protection de l’environnement. Pour la première fois, citoyens, élus, industriels et scientifiques collaborent à un projet commun à l'échelle d'un territoire.

   


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La recherche participative en santé environnement : un outils pour la recherche sur le socio-exposome dans une zone industrielle européenne majeure

Ces dernières années, plusieurs études scientifiques ont été réalisées en partenariat avec les citoyens. Avec des niveaux d’implications variés, celles-ci ont contribué à faire évoluer les savoirs locaux et à donner lieu à des actions publiques.
La recherche participative et interdisciplinaire peut-elle être un outils utile pour explorer les composantes du socio-exposome à proximité de l’une des plus importantes zone industrielle d’Europe.

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Qu’est-ce que le socio-exposome?

Il convient d’abord de définir la notion d’exposome 1,2 : « La totalité des expositions auxquelles un individu est soumis de la conception à la mort. C’est une représentation complexe et dynamique des expositions à laquelle une personne est sujette tout au long de sa vie », intégrant l’ensemble des facteurs environnementaux. En population, et particulièrement dans un contexte industriel, la diversité et les niveaux d’exposition sont particulièrement complexes à appréhender et à mettre en lien avec la santé. Différentes méthodes sont employées pour répondre à ce challenge majeur, faisant souvent appel à des outils analytiques élaborés, tels que la spectrométrie de masse à haute résolution ou la bio-informatique, par exemple. Puisque l’exposomic (science de l’exposome cherche à comprendre l’ensemble des composants environnementaux, les chercheurs ont été encouragés à concentrer leurs efforts vers l’implication des communautés impactées dans la recherche participative sur l’exposome. En effet, en plus des avancées des hautes technologies (génétique, métabolomiques, statistiques, etc.) qui peuvent produire de larges volumes de données, d’autres approches, inspirées des sciences humaines et sociales ont aussi émergé. Dans ce cadre, des éléments de la justice environnementale ont été proposés pour compléter le concept de l’exposome. L’idée n’est pas seulement d’observer les facteurs sociaux et économiques de l’exposome qui expliquent la vulnérabilité de certaines populations, comme les plus marginales, mais également d’impliquer concrètement les résidents étudiés. Les données empiriques ayant montré leurs limites dans les études en santé environnement, souvent déconnectées des expériences de terrain ou de l’expérience de vie des communautés, les sociologues ont récemment développé la notion de socio-exposome 3. Le socio-exposome évaluerait l’exposition à différents niveaux (individuel, local et global) alimentés par des savoirs locaux produits collaborativement, enrichissant le collectif de ceux qui sont compétents pour participer à la recherches sur l’exposome, les citoyens, premiers concernés.

En pratique

Des dispositifs transversaux et longitudinaux de bioindication, de biosurveillance des milieux, de la faune et de la flore (lichens, pétunias, biodiversité marine, des rivières, de la nappe phréatique, paramètres hydrologiques, etc.) et des humains ont été mis en place afin d’opérer un suivi environnemental et sanitaire de la région. Cette surveillance a été et est conduite en partie en collaboration avec les volontaires du programme VOCE (Volontaires de l’Observatoire Citoyen de l’Environnement). Ces travaux participatifs appartiennent au champ de la « Citizen science » 4,5,6.
Au cours de la même période, une étude de recherche participative en santé environnement ancrée localement (Fos EPSEAL) a également été menée dans le but de décrire l’état de santé des résidents de la ZIP. Ces travaux correspondant cette fois au champ de la « Community-based participatory science » 7

Aperçu des résultats

L’ensemble de ces études, impliquant des citoyens concrètement dans la recherche, a montré que la région Fos - étang de Berre était impactée par la pollution industrielle dans les différents milieux environnementaux (air, eau, sols, faune et flore) et que la population résidente du front industriel était exposée. De plus, les résultats de l’étude de santé déclarée ont montré un état de santé fragilisé des riverains, par une symptomatologie forte et une prévalence élevée de certaines pathologies chroniques.
Cette approche participative a montré, et montre encore, les bénéfices de la production de savoir en santé-environnement en lien avec la population. Non seulement en amenant une meilleure connaissance aux résidents exposés, mais également en catalysant des actions publiques (attentions médiatique et des pouvoirs publics menant notamment à des expertises officielles, ou encore par la contribution à des recours en justice, etc.).

En lien

Ces travaux s’appuient sur différentes études environnementales et sanitaires menées dans la région :

Publication de l'équipe

- 2022 : Participatory environmental health research: A tool to explore the socio-exposome in a major european industrial zone

Références

  • 1 Wild, C.P. 2005. “Complementing the Genome with an ‘Exposome’: The Outstanding Challenge of Environmental Exposure Measurement in Molecular Epidemiology.” Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention: A Publication of the American Association for Cancer Research, Cosponsored by the American Society of Preventive Oncology 14 (8): 1847–50. https://doi.org/10.1158/1055-9965.EPI-05-0456.
  • 2 2012. “The Exposome: From Concept to Utility.” International Journal of Epidemiology 41 (1): 24–32. https://doi.org/10.1093/ije/dyr236.
  • 3 Senier, L., Brown, P., Shostak, S., and Hanna, B. 2017. “The Socio-Exposome: Advancing Exposure Science and Environmental Justice in a Post-Genomic Era.” Environmental Sociology 3 (2): 107–21. https://doi.org/10.1080/23251042.2016.1220848.
  • 4 Bonney, R., J.L., Shirk, T.B., Phillips, A., Wiggins, H.L., Ballard, A.J. Miller-Rushing, and J.K., Parrish. 2014. “Citizen Science. Next Steps for Citizen Science.” Science (New York, N.Y.) 343 (6178): 1436–37. https://doi.org/10.1126/science.1251554.
  • 5 O’Fallon, L., and Finn, S. 2015. “Citizen Science and Community-Engaged Research in Environmental Public Health,” Lab Matters, 4(5). https://scholar.google.com/scholar?scilib=1&hl=fr&as_sdt=0,5.
  • 6 Ramirez-Andreotta, M.D., Brusseau, M.L., Artiola, J., Maier, R.M, and Gandolfi, A.J. 2015. “Building a Co-Created Citizen Science Program with Gardeners Neighboring a Superfund Site: The Gardenroots Case Study.” International Public Health Journal 7 (1): 13.
  • 7 Wallerstein, N., Duran, B., Oetzel, J.G., and Minkler, M. 2017. Community-Based Participatory Research for Health: Advancing Social and Health Equity. John Wiley & Sons.